Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/160

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— Tandis qu’eux ?…

— C’est tout le contraire : ils n’étaient pas Gascons en Gascogne, et ils sont doubles Gascons ici.

— N’importe, j’ai quarante-cinq redoutables épées.

— Commandées par cette quarante-sixième redoutable épée qu’on appelle d’Épernon ?

— Pas précisément.

— Et par qui ?

— Par Loignac.

— Peuh !

— Ne vas-tu pas déprécier Loignac, à présent ?

— Je m’en garderais fort, c’est mon cousin au vingt-septième degré.

— Vous êtes tous parents, vous autres Gascons.

— C’est tout le contraire de vous autres Valois, qui ne l’êtes jamais.

— Enfin, répondras-tu ?

— À quoi ?

— À mes quarante-cinq.

— Et c’est avec cela que tu comptes te défendre ?

— Oui, par la mordieu ! oui, s’écria Henri irrité.

Chicot, ou son ombre, car n’étant pas mieux renseigné que le roi là-dessus, nous sommes obligé de laisser nos lecteurs dans le doute ; Chicot, disons-nous, se laissa glisser dans le fauteuil, tout en appuyant ses talons au rebord de ce même fauteuil, de sorte que ses genoux formaient le sommet d’un angle plus élevé que sa tête.

— Eh bien ! moi, dit-il, j’ai plus de troupes que toi.

— Des troupes ? tu as des troupes ?

— Tiens ! pourquoi pas ?

— Et quelles troupes ?

— Tu vas voir. J’ai d’abord toute l’armée que MM. de Guise se font en Lorraine.

— Es-tu fou ?

— Non pas, une vraie armée, six mille hommes au moins.