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Enfin il y avait un C avec un pâté à la fin du cinquième.

Ce pâté d’un mourant avait produit sur le roi le plus douloureux effet.

C’est ce qui explique pourquoi il avait cru Chicot fantôme et ombre.

Nous citerions bien ici la lettre de Chicot, mais Chicot était, comme on dirait aujourd’hui, un homme fort excentrique, et comme le style est l’homme, son style épistolaire surtout était si excentrique, que nous n’osons reproduire ici cette lettre, quelque effet que nous devions en attendre.

Mais on la retrouvera dans les Mémoires de L’Étoile. Elle est datée de 1580, comme nous l’avons dit, « année des grands cocuages, » ajoute Chicot.

Au bas de cette lettre, et pour ne pas laisser se refroidir l’intérêt de Henri, Gorenflot ajoutait que, depuis la mort de son ami, le prieuré de Beaune lui était devenu odieux, et qu’il aimait mieux Paris.

C’était surtout ce post-scriptum que Chicot avait eu grand’peine à tirer du bout des doigts de Gorennflot.

Gorenflot, au contraire, se trouvait merveilleusement à Beaune, et Panurge aussi.

Il faisait piteusement observer à Chicot que le vin est toujours frelaté, quand on n’est point là pour le choisir sur les lieux.

Mais Chicot promit au digne prieur de venir en personne tous les ans faire sa provision de romanée, de volnay et de chambertin, et comme, sur ce point et beaucoup d’autres, Gorenflot reconnaissait la supériorité de Chicot, il finit par céder aux sollicitations de son ami.

À son tour, en réponse à la lettre de Gorenflot et aux derniers adieux de Chicot, le roi avait écrit de sa propre main :

« Monsieur le prieur, vous donnerez une sainte et poétique sépulture au pauvre Chicot, que je regrette de toute