Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/249

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— À moi, monsieur le prieur ? demanda le jeune homme étonné.

— Oui, vous allez accompagner M. Robert Briquet dans un grand voyage.

— Oh ! s’écria dans un enthousiasme nomade le jeune frère, moi en voyage avec monsieur Briquet, moi au grand air, moi en liberté ! Ah ! monsieur Robert Briquet, nous ferons des armes tous les jours, n’est-ce pas ?

— Oui, mon enfant.

— El je pourrai emporter mon arquebuse ?

— Tu l’emporteras.

Jacques bondit et s’élança hors de la chambre avec des cris de joie.

— Quant à la commission, dit Gorenflot, je vous prie de donner vos ordres. Avancez, frère Panurge.

— Panurge ! dit Chicot, à qui ce nom rappelait des souvenirs qui n’étaient pas exempts de douceur ; Panurge !

— Hélas ! oui, fit Gorenflot, j’ai choisi ce frère qui s’appelle comme l’autre, Panurge, pour lui faire faire les courses que l’autre faisait.

— Il est donc hors de service, notre ancien ami ?

— Il est mort, dit Gorenflot, il est mort.

— Oh ! fit Chicot avec commisération, le fait est qu’il devait se taire vieux.

— Dix-neuf ans, mon ami, il avait dix-neuf ans.

— C’est un fait de longévité remarquable, dit Chicot ; il n’y a que les couvents pour offrir de pareils exemples.