Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/264

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Le lieutenant de la prévôté bondit, comme un daim au coup de fusil.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il, et que désirez-vous ?

— Qui je suis ?

— Oui.

— Je suis un de vos amis, nouveau, mais intime ; ce que je veux ? ah ! ça, c’est un peu plus long à vous expliquer.

— Mais enfin, que désirez-vous ? parlez.

— Je désire que vous veniez à moi.

— À vous ?

— Oui, ici ; que vous descendiez dans le fossé.

— Pourquoi faire ?

— Vous le saurez ; descendez d’abord.

— Mais…

— Et que vous veniez vous asseoir le dos contre cette haie.

— Enfin…

— Sans regarder de mon côté, sans que vous ayez l’air de vous douter que je suis là.

— Monsieur…

— C’est beaucoup exiger, je le sais bien ; mais, que voulez-vous, maître Robert Briquet a droit d’être exigeant.

— Robert Briquet ! s’écria Poulain, exécutant à l’instant même la manœuvre commandée.

— Là, bien, asseyez-vous, c’est cela… Ah ! ah ! il paraît que nous prenions nos petites dimensions sur la route de Vincennes ?

— Moi ?

— Sans aucun doute ; après ça, qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’un lieutenant de la prévôté fasse l’office de voyer quand l’occasion s’en présente ?

— C’est vrai, dit Poulain un peu rassuré, vous voyez, je mesurais.

— D’autant mieux, continua Chicot, que vous opériez sous les yeux de très-illustres personnages.