Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/272

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impatience, debout dans l’embrasure d’une fenêtre, quelqu’un qui tardait à venir.

L’ombre commençait à s’épaissir, la duchesse ne distinguait plus qu’à grand’peine la porte de l’hôtel, sur laquelle ses yeux étaient constamment attachés.

Enfin le pas d’un cheval se fit entendre, et dix minutes après la voix de l’huissier annonçait mystérieusement chez la duchesse M. le duc de Mayenne.

Madame de Montpensier se leva et courut au-devant de son frère avec une telle précipitation qu’elle oublia de marcher sur la pointe du pied droit, comme c’était son habitude lorsqu’elle tenait à ne pas boiter.

— Seul, mon frère ? dit-elle, vous êtes seul ?

— Oui, ma sœur, dit le duc en s’asseyant après avoir baisé la main de la duchesse.

— Mais Henri, où donc est Henri ? Savez-vous bien que tout le monde l’attend ici ?

— Henri, ma sœur, n’a que faire encore à Paris, tandis qu’au contraire il a encore fort à faire dans les villes de Flandre et de Picardie. Notre travail est lent et souterrain ; nous avons de l’ouvrage là-bas, pourquoi quitterions-nous cet ouvrage pour venir à Paris, où tout est fait ?

— Oui, mais où tout se défera si vous ne vous hâtez.

— Bah !

— Bah ! tant que vous voudrez, mon frère. Je vous dis, moi, que les bourgeois ne se contentent plus de toutes ces raisons, qu’ils veulent voir leur duc Henri, que voilà leur soif, leur délire.

— Ils le verront au bon moment. Mayneville ne leur a-t-il donc point expliqué tout cela ?

— Sans contredit ; mais, vous le savez, sa voix ne vaut pas les vôtres.

— Au plus pressé, ma sœur. Et Salcède ?

— Mort.

— Sans parler ?