Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/279

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— Comment ! sorti sans permission ?

— Il étudie le quartier que monseigneur le duc d’Épernon lui a recommandé ce matin.

— Fort bien ! Appelez M. de Sainte-Maline, alors.

Les deux noms retentirent sous les voûtes, et les deux élus apparurent aussitôt.

— Messieurs, dit Loignac, suivez-moi chez M. le duc d’Épernon.

Et il les conduisit au duc, lequel, congédiant Loignac, les conduisit à son tour au roi.

Sur un geste de Sa Majesté, le duc se retira et les deux jeunes gens restèrent.

C’était la première fois qu’ils se trouvaient devant le roi. Henri avait l’aspect fort imposant.

L’émotion se traduisait chez eux de façon différente.

Sainte-Maline avait l’œil brillant, le jarret tendu, la moustache hérissée.

Carmainges, pâle, mais tout aussi résolu, bien que moins fier, n’osait arrêter son regard sur Henri.

— Vous êtes de mes quarante-cinq, Messieurs ? dit le roi.

— J’ai cet honneur, sire, répliqua Sainte-Maline.

— Et vous, Monsieur ?

— J’ai cru que Monsieur répondait pour nous deux, sire ; voilà pourquoi ma réponse s’est fait attendre ; mais quant à être au service de Votre Majesté, j’y suis autant que qui que ce soit au monde.

— Bien. Vous allez monter à cheval et prendre la route de Tours : la connaissez-vous ?

— Je demanderai, dit Sainte-Maline.

— Je m’orienterai, dit Carmainges.

— Pour vous mieux guider, passez par Charenton, d’abord.

— Oui, sire.

— Vous pousserez jusqu’à ce que vous rencontriez un homme voyageant seul.