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XXIX

DEUX AMIS.


Maintenant, s’il plaît au lecteur, nous suivrons les deux jeunes gens que le roi, enchanté d’avoir ses petits secrets à lui, envoyait de son côté au messager Chicot.

À peine à cheval, Ernauton et Sainte-Maline, pour ne point se laisser prendre le pas l’un sur l’autre, faillirent s’étouffer en passant au guichet.

En effet, les deux chevaux, allant de front, broyèrent l’un contre l’autre les genoux de leurs deux cavaliers.

Le visage de Sainte-Maline devint pourpre, celui d’Ernauton devint pâle.

— Vous me faites mal, Monsieur ! cria le premier, lorsqu’ils eurent franchi la porte ; voulez-vous donc m’écraser ?

— Vous me faites mal aussi, dit Ernauton ; seulement je ne me plains pas, moi.

— Vous voulez me donner une leçon, je crois ?

— Je ne veux rien vous donner du tout.

— Ah çà ! dit Sainte-Maline en poussant son cheval pour parler de plus près à son compagnon, répétez-moi un peu ce mot.

— Pourquoi faire ?

— Parce que je ne comprends pas.

— Vous me cherchez querelle, n’est-ce pas ? dit flegmatiquement Ernauton ; tant pis pour vous !