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En attendant son retour, les époux Fournichon empochèrent leurs trente livres d’arrhes, à la grande joie de l’hôte qui ne cessait de répéter :

— Des gens d’épée ! allons, décidément l’enseigne n’a pas tort, et c’est par l’épée que nous ferons fortune.

Et il se mit à fourbir toutes ses casseroles, en attendant le fameux 26 octobre.


VIII

SILHOUETTE DE GASCON.


Dire que dame Fournichon fut absolument aussi discrète que le lui avait recommandé l’étranger, nous ne l’oserions pas. D’ailleurs elle se croyait sans doute dégagée de toute obligation envers lui, par l’avantage qu’il avait donné à maître Fournichon à l’endroit de l’Épée du fier Chevalier ; mais comme il lui restait encore plus à deviner qu’on ne lui en avait dit, elle commença, pour établir ses suppositions sur une base solide, par chercher quel était le cavalier inconnu qui payait si généreusement l’hospitalité à ses compatriotes. Aussi ne manqua-t-elle point d’interroger le premier soldat qu’elle vit passer sur le nom du capitaine qui avait passé la revue.

Le soldat, qui probablement était d’un caractère plus discret que son interlocutrice, lui demanda d’abord, avant de répondre, à quel propos elle faisait cette question.

— Parce qu’il sort d’ici, répondit madame Fournichon, qu’il a causé avec nous, et qu’on est bien aise de savoir à qui l’on parle.