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Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/52

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En attendant, comme il n’y avait aucun danger qu’ils s’éloignassent, et qu’il était probable que maître Robert Briquet, c’est sous ce nom, on se le rappelle, qu’Ernauton connaissait Chicot, et comme il était probable, disons-nous, que maître Robert Briquet ne reviendrait point sur ses pas pour les achever, le jeune homme se mit à la découverte de quelque auxiliaire, et ne tarda point à trouver sur la route même ce qu’il cherchait.

Un chariot qu’avait dû croiser Chicot dans sa course apparaissait au haut de la montagne, se détachant en vigueur sur un ciel rougi par les feux du soleil couchant.

Ce chariot était traîné par deux bœufs et conduit par un paysan.

Ernauton aborda le conducteur, qui avait bonne envie, en l’apercevant, de laisser sa charrette et de s’enfuir sous le taillis, et lui raconta qu’un combat venait d’avoir lieu entre huguenots et catholiques ; que ce combat avait été fatal à quatre d’entre eux, mais que deux avaient survécu.

Le paysan, assez effrayé de la responsabilité d’une bonne œuvre, mais plus effrayé encore, comme nous l’avons dit, de la mine guerrière d’Ernauton, aida le jeune homme à transporter M. de Mayenne dans son chariot, puis le soldat qui, évanoui ou non, continuait de demeurer les yeux fermés.

Restaient les quatre morts.

— Monsieur, demanda le paysan, ces quatre hommes étaient-ils catholiques ou huguenots ?

Ernauton avait vu le paysan, au moment de sa terreur, faire le signe de la croix.

— Huguenots, dit-il.

— En ce cas, reprit le paysan, il n’y a aucun inconvénient que je fouille ces parpaillots, n’est-ce pas ?

— Aucun, répondit Ernauton, qui aimait autant que le paysan auquel il avait affaire héritât que le premier passant venu.