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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

sont comportés, et ont contribué au succès de cette journée.

« Vous savez aussi, général, que j’ai eu mon cheval tué sous moi, et que j’ai perdu mes équipages et des pistolets d’une rare bonté. Mon aide de camp Lambert a fait des merveilles.

» Je vous adresserai aujourd’hui les rapports des généraux de brigade, qui ne me sont pas encore parvenus.

» Fait à Brixen, le 7 germinal an v républicain.

» Alex. Dumas.

» P.-S. Il faut que je te donne mon manteau ; je crois qu’il est enchanté : il a été troué par sept balles dont pas une ne m’a touché. Il te portera bonheur. »


IX


Le pont de Clausen. — Rapports de Dermoncourt. — Les prisonniers sur parole. — Les pistolets de Lepage. — Trois généraux en chef à la même table.

Maintenant, laissons parler Dermoncourt ; c’est dans ce récit seulement qu’on verra agir mon père, qui s’efface lorsque c’est lui-même qui parle, et surtout lorsqu’il parle de lui.

« L’armée séjourna à Bolzano pendant quarante-huit heures ; ce qui, dans cette campagne qui ressemblait plutôt à une course qu’à une guerre, était un long séjour. Le général Delmas resta à Bolzano pour observer les troupes de Laudon et la route d’Inspruck. Le reste de l’armée, Le général Dumas en tête, se mit en marche le lendemain pour se porter sur Brixen, et tâcher de rejoindre l’armée du général Kerpen, qui avait pris cette direction.

» La route que nous suivions côtoyait une espèce de cours d’eau moitié ruisseau, moitié torrent, qui prend sa source dans les montagnes Noires, et qui vient, grossi des eaux du Riente, se jeter dans l’Adige au-dessous de Bolzano. Tantôt la