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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

trer à se retirer ; si, à la troisième invitation, ils persistent, placez-vous de côté afin que le recul de la pièce ne vous casse pas les jambes, puis approchez diagonalement votre cigarette de la lumière, et vous verrez l’effet de la mécanique.

— Bon ! dit Bard.

Bard ne faisait jamais une objection. Je crois que, si, tandis qu’il était sur la galerie de la tour, je lui eusse dit : « Bard, sautez en bas ! » il eût sauté.

— Ah çà ! lui dis-je, à présent que vous avez une carabine et un canon, mes pistolets deviennent du luxe ; rendez-moi donc mes pistolets.

— Ah ! c’est vrai, dit Bard, les voici.

Il les tira de sa poche, et me les rendit.

Je les examinai de nouveau : ils étaient en bon état.

Je les glissai dans les deux basques de ma veste.

Puis je me dirigeai vers la maison du commandant de place.

Une sentinelle était dans la rue.

Je m’informai près d’elle où était le cabinet de M. de Liniers.

Elle me l’indiqua. C’était au premier étage ou à l’entre-sol.

Je montai l’escalier, et laissai mon fusil à la porte du cabinet.

Le commandant de place était seul avec un officier que je ne connaissais pas.

Il venait de se lever sur l’annonce qui lui avait été faite que le drapeau tricolore flottait au haut de la cathédrale.

Probablement ignorait-il encore mon arrivée ; car, au moment même où j’entrais, il demandait à l’officier des détails sur cet étrange événement.

— Pardon, monsieur le vicomte, lui dis-je : mais, si ce sont tout simplement des détails que vous désirez, je puis vous donner ces détails, et j’ajouterai même que personne ne peut vous les donner mieux que moi.

— Soit ; mais, d’abord, qui êtes-vous, monsieur ? me demanda le commandant de place en me regardant avec étonnement.