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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

« La France est libre.
» Elle veut une constitution.
» Elle n’accorde au gouvernement provisoire que le droit de la consulter.
» En attendant qu’elle ait exprimé sa volonté par de nouvelles élections ; respect aux principes suivants :
» Plus de royauté.
» Le gouvernement exercé par les seuls mandataires élus de la nation.
» Le pouvoir exécutif confié à Un président temporaire.
» Le concours médiat et immédiat de tous les citoyens à l’élection des députés.
» La liberté des cultes.
» Plus de culte de l’État.
» Les emplois de l’armée de terre et de l’armée de mer garantis contre toute destitution arbitraire.
» Établissement des gardes nationales sur tous les points de la France ; la défense de la constitution leur est confiée.
» Ces principes, pour lesquels nous venons de risquer notre vie, nous les soutiendrons, s’il le faut, par l’insurrection légale. »

Pendant que Hubert lisait cette proclamation sur la place de l’Hôtel-de-Ville, M. de Sussy entrait dans le cabinet de la Fayette, et, malgré toutes ses instances, quoiqu’il fît valoir les titres de parenté qui unissaient les la Fayette aux Mortemart, il ne pouvait tirer du général que la lettre suivante :

« Monsieur le duc,

» J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, avec tous les sentiments que votre caractère personnel m’inspire depuis longtemps. M. de Sussy vous rendra compte de la visite qu’il a bien voulu me faire. J’ai rempli vos intentions en lisant ce que vous m’adressiez à beaucoup de personnes qui m’entouraient ; j’ai engagé M. de Sussy à passer à la commission, alors peu nombreuse, qui se trouvait à l’hôtel de ville ; enfin, je remettrai au général Gérard, les papiers