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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Je lui répondis : « Oui, » pour le calmer, et je l’entraînai dans la rue de Valois.

Là, sous prétexte de connaître les motifs de sa querelle, je lui demandai comment les choses s’étaient passées, et il me raconta ce que je viens de rapporter moi-même.

Au milieu de son récit, il trouva moyen de me demander si j’avais lu son drame.

Je lui répondis affirmativement.

— Eh bien, dit-il, j’irai en causer demain avec vous.

Et, comme s’il eût craint que le tumulte ne se calmât en son absence, il s’élança de nouveau dans le jardin du Palais-Royal.

Je ne le retins pas, je savais ce que je voulais savoir : il n’y avait rien de prémédité dans l’accident ; c’était une gaminerie, voilà tout.

Je remontai et rendis compte de mon expédition à M. le duc de Chartres.

La narration était si précise et si nette, que, transmise par le jeune prince aux illustres hôtes de son père, elle calma aussitôt les craintes qu’un moment ils avaient semblé éprouver.

D’ailleurs, pour plus grande sécurité, on força la foule d’évacuer le jardin, et la fête continua sans interruption jusqu’au matin.

À minuit, le roi et la famille royale s’étaient retirés.


CXLI


Une affaire pressante. — Un témoin de perdu, deux de trouvés. — Rochefort. — Signol au théâtre des Italiens. — Il insulte le lieutenant Marulaz. — Les deux épées. — Le duel. — Signol est tué. — Victorine et le Chiffonnier. — La part du mort.

Le lendemain, je fus réveillé par Signol.

Comme, un instant après sa rentrée dans le jardin du Palais-Royal, on l’avait forcé, la baïonnette au flanc, de