— Savez-vous la grande nouvelle ?
— Non.
— Les ordonnances sont dans le Moniteur… Partez-vous toujours pour Alger ?
— Pas si niais ! Ce que nous allons voir ici sera encore plus curieux que ce que je verrais là-bas !
Puis, appelant mon domestique :
— Joseph, lui dis-je, allez chez mon armurier ; rapportez-en mon fusil à deux coups et deux cents balles du calibre vingt !
CXLIII
Deux heures après, mon domestique était de retour avec les objets demandés. Je mis soigneusement sous clef fusil et balles, et je descendis pour prendre l’air de la rue.
Il était dix heures du matin : la physionomie de Paris était aussi tranquille que si le Moniteur, au lieu de publier les ordonnances, eût annoncé l’ouverture de la chasse.
Comte riait de mes prévisions.
Je l’emmenai déjeuner au troisième étage du n° 7 de la rue de l’Université.
Le troisième étage du n° 7 de la rue de l’Université était occupé, à cette époque, par une très-jolie femme qui avait bien voulu prendre à mon départ pour Alger un si vif intérêt, qu’elle devait me conduire jusqu’à Marseille.
J’allais lui annoncer que, momentanément du moins, j’avais renoncé à ce voyage, et que, par conséquent, si ses malles étaient faites, elle pouvait les défaire.
Elle n’avait pas très-bien compris le motif que j’avais donné à mon excursion africaine, — la curiosité ; — elle ne comprit