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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

si heureux de sentir la terre sous mes pieds, que j’avais oublié le trop grand froid, et que je ne pensais pas à la trop grande chaleur.

L’hôte était devenu aussi aimable qu’il avait été rébarbatif d’abord ; il m’offrit une de ses chemises que j’acceptai, bassina mon lit lui-même, et emporta mes habits pour les mettre au four.

Il avait, dans la journée, fait du pain et des galettes, de sorte que son four était encore tiède. Ma défroque y fut enfournée sur une plaque de tôle ; et, grâce à cette invention, je retrouvai, le lendemain, mes habits secs comme de l’amadou.

À onze heures du matin, j’étais de retour à Paimbœuf ; le soir, j’étais à Nantes ; le lendemain de ce lendemain, j’étais à Tours, où je m’acquittais près de madame M… de la commission de sa fille.

Le même jour, je trouvai une place dans la malle-poste, et m’en emparai.

J’étais las du langage carliste que j’entendais depuis six semaines ; j’avais besoin de revoir mon soleil de juillet, mon Paris révolutionnaire, mes monuments criblés de balles.

Lorsque j’arrivai, il pleuvait à verse ; M. Guizot était ministre, et l’on grattait la façade de l’institut !


CLXXI


Lettre confidentielle de Louis-Philippe à l’empereur Nicolas. — Réponse du czar. — Ce que pouvait la France après la révolution de juillet. — Louis-Philippe et Ferdinand VII. — Les réfugiés espagnols. — La réaction à l’intérieur. — Grattage des monuments publics. — Protestation.

Ce dernier mot indique, en effet, où en était arrivée la réaction à Paris au moment où j’y rentrais, après mes six semaines ou deux mois d’absence.

On se rappelle la conversation du lieutenant général avec les républicains dans la soirée du 31 juillet, et comment