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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ce n’était point une nouvelle, car nous l’entendions parfaitement ; — mais le tambour ne rendait pas.

Jusqu’à midi, la situation politique du roi fut grave ; à cette heure-là, rien n’était encore décidé ni pour ni contre lui.

À une heure, nous apprîmes que les étudiants, leurs cartes au chapeau, et les élèves de l’École en uniforme, parcouraient la ville, mêlés aux gardes nationaux de la 12e légion, et appelaient le peuple à la modération.

En même temps, des affiches signées de quatre élèves — un de chaque école — étaient placardées sur tous les murs.

Voici la reproduction littérale d’une de ces affiches :

« Les patriotes, qui, dans tous les temps, ont dévoué leur vie et leurs veilles à notre indépendance sont toujours là, inébranlables dans le sentier de la liberté ; ils veulent, comme vous, de larges concessions qui agrandissent cette liberté ; mais, pour les obtenir, la force n’est pas nécessaire. De l’ordre ! et, alors, on demandera une base plus républicaine pour nos institutions ; nous l’obtiendrons ; nous serons alors plus forts, parce que nous agirons franchement. Que si ces concessions n’étaient pas accordées, alors ces patriotes, toujours les mêmes, et les Écoles, qui marchent avec eux, vous appelleraient pour les conquérir. Rappelez-vous que l’étranger admire notre révolution, parce que nous avons été généreux et modérés ; qu’il ne dise pas que nous ne sommes pas mûrs pour la liberté, et surtout qu’il ne profite pas des dissensions qu’il allume peut-être ! »

Suivaient les quatre signatures.

Cette promenade dans les rues de Paris et ces affiches placardées sur tous les murs suffirent pour calmer les esprits.

L’absence des artilleurs, absence dont on ignorait la cause, contribua à rétablir la tranquillité.

Le roi reçut avec une foule de tendresses la députation des Écoles, qui s’en retourna enchantée, ne doutant pas que les libertés qu’elle rêvait ne lui fussent accordées d’avance.