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LES GARIBALDIENS

Les voitures se sont engouffrées sous la sombre voûte du palais.

J’ai laissé les prisonniers aller remercier leur libérateur, et je suis rentré chez moi.

Mais à peine ai-je paru sur le balcon, accompagné du porte-drapeau de La Porta, que les vivat ont éclaté. Ce peuple enthousiaste faisait la place du poëte dans cette solennité, où se réunissaient toutes les poésies.

O mes trente ans de luttes et de travaux, soyez bénis ! Si la France n’a pour ses poëtes que la couronne de la misère et le bâton de l’exil, l’étranger leur garde la couronne de lauriers et le char du triomphe !

Oh ! si vous eussiez été avec moi, ici, sur ce balcon, vous deux que j’ai dans mon cœur, cher Lamartine, cher Victor Hugo, c’est à vous qu’eût été le triomphe !

Prenez-en votre part, prenez-le tout entier ; que les plus douces brises de Palerme vous le portent avec le sourire de ses femmes, avec le parfum de ses fleurs !

Vous êtes les deux héros de notre siècle, les deux géants de notre époque. Moi, je ne suis, comme ce pauvre guerrillero de La Porta, que le porte-bannière de la légion.

Mais, n’importe ! après avoir laissé, il y a deux