Page:Dumas les garibaldiens revolution de sicile 1861.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LES GARIBALDIENS

homme, je pourrais faiblir, et alors je ne serais plus juge.

Puis, comme j’ajoutais un dernier mot, il se leva et sortit.

J’admire fort ce stoïcisme, mais sans m’en sentir capable. D’ailleurs, ces hommes accomplissent un devoir ; mais moi, ce n’était pas mon devoir de dire cette parole qui attira l’attention de Turr, qui amena l’arrestation et qui amènera peut-être la mort du prisonnier.

Moi, je passe au milieu de cette belle Sicile, qui se régénère au souffle de l’homme providentiel ; je passe pour plaindre les malheureux, pleurer les morts et sourire aux vivants ; de quel droit laisserais-je une goutte de sang sur ma trace ?

Peut-être la voix qui me parle est-elle, non pas celle de ma conscience, mais celle de ma faiblesse ; n’importe ! cette voix me dit que je dois faire tout ce que je pourrai pour sauver cet homme, fût-il assassin et incendiaire, et je le ferai.


26 juin.


Ce matin, à mon lever, on m’a dit qu’une femme vêtue de noir m’attendait dans l’antichambre.

C’était la mère de Santo-Meli, — une vieille paysanne aux cheveux grisonnants, au teint pâle, à l’œil bleu clair, à la physionomie intelligente.