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LES GARIBALDIENS

au besoin ; c’était le seul débris de notre ancien équipage.

Giovanni n’avait pas fait fortune, lui ; avec un pantalon déchiré et une chemise en loques, il faisait, dans un bateau tout rapiécé, les basses commissions du port.

J’écoutai l’histoire de ses misères. Une de ses filles s’était mariée, il y avait sept ou huit mois, à un garçon aussi pauvre qu’elle. Elle n’avait pas même un matelas pour accoucher !

Je donnai à Giovanni un matelas et deux louis.

Au milieu de toutes ces reconnaissances de vieux compagnons, je vis apparaître à son tour la vaillante figure de Paul de Flotte.

Je ne l’avais pas revu depuis 1848. Il avait la barbe et les cheveux gris ; il avait vieilli, mais pas de la même vieillesse que le capitaine Arena ; aux rides qui sillonnaient son front, on comprenait que le temps avait été pour lui moins calme qu’orageux : la proscription, l’exil, le regret de la patrie, les déceptions politiques, les fréquentes désespérances avaient laissé leur trace sur ce front loyal, fier et toujours levé au ciel. — Ce sont ces fronts-là que sillonne l’éclair !

Pauvre de Flotte ! il me conta tous ses dégoûts. Le général était excellent pour lui ; mais sa qualité de Français lui valait l’antipathie de toutes les inin-