Et, en effet, Naples n’avait plus le même aspect que la veille ; Naples était à mille lieues d’une révolution ; de la démission des ministres, il n’en était plus question le moins du monde ; de Garibaldi, on n’en avait jamais entendu parler ; Liborio Romano, Ischitella, Cutrofiano, François II, personne ne connaissait ces gens-là.
Ce que Naples connaissait, c’étaient saint Janvier et la Madone.
Toute la journée, on tira des boîtes, je ne sais plus en l’honneur de quel saint ; à tout moment je tressaillais, croyant entendre la fusillade.
Niais que j’étais ! ne me l’avait-on pas dit le matin : on ne fait rien à Naples le dimanche !
Le seul événement de la journée fut le départ de la corvette à vapeur sarde le Governor, qui tira onze coups de canon, leva l’ancre et mit le cap sur Gênes.
Elle emportait à son bord le comte de Syracuse ; le prince suivait le conseil que je lui avais donné deux jours auparavant.
Le soir, notre messager revint ; il rapportait une lettre très-prudente de l’intendant d’Avellino, qui ne s’engageait à rien.
À la vérité, cette réserve de l’intendant nous fut bientôt expliquée : nous lui avions envoyé pour messager un des espions les plus connus de l’an-