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de fiacre, ne voulait rien entendre. Il se mit à la poursuite de la diva qui, devant l’obstination du boulevardier, avait joué des jambes.

Au moment de l’atteindre près du bassin, il piqua une tête dans la mare, par quatre pieds de profondeur.

Ce ne fut qu’avec des peines infinies qu’on parvint à l’amarrer au bord.

Il avait avalé quatre pintes de l’élément aquatique et deux grenouilles.

Depuis, quand on lui parlait du mariage de Viroflay, il se sentait encore le cœur barbouillé.

Après le départ du magnat, dona Pia Cuchita tomba sous la coupe d’un de ses compatriotes, don Luis de Macrosabo, ex-muletier, qui lui mangea jusqu’à ses nippes et la rouait de coups.

Quand il n’eut plus rien à lui prendre, il l’envoya raccrocher sur le boulevard.

Mais la pauvre femme était si desséchée, qu’il aurait fallu avoir un cœur de tête d’allumette pour s’y frotter.

De désespoir elle se pendit à la flèche de son lit. Elle n’avait plus que la peau sur les os.

Son cadavre fut livré à l’amphithéâtre de l’École de Médecine, où on constata qu’il lui manquait une côte.

Quelqu’un avait dû la bouffer, probablement l’ex-muletier, qui un an après fut pendu en Angleterre.