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Depuis ce moment, le caractère de M… changea totalement ; de joyeux et bruyant qu’il était, il devint morose, ombrageux, irritable.

Il s’était mis à boire outre mesure, se pochardant dans les cabarets de bas étage, consommant dix, quinze absinthes par jour.

Dans des hallucinations d’ivrogne, il devait sans doute être poursuivi du souvenir de son crime, car on l’entendait marmotter :

— Le curé… le curé… M… pour le curé ; il m’embête, le curé.

Un soir, que, complètement ivre il rentrait chez lui, il tomba dans le vestibule, en proie à une attaque de delirium tremens, criant :

— Le voilà, ce sacré curé !

Il mourut dans la nuit.

Quand M… me raconta les détails de ce drame de famille, j’avais cru à une blague de corps de garde. Je sus plus tard que tout était vrai.

J’ai reçu bien des confidences de l’espèce. Les plus drôles furent celles qui me furent faites par des centaines de congréganistes, que je défendais contre les pressurages de leur administration générale, dans la Revue Gerson. Ces confessions, souvent monstrueuses, quelquefois plaisantes, de la luxure congréganiste, m’avaient suggéré le plan d’une réforme complète des communautés religieuses, dont la revue que je dirigeais se fit l’écho.