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ma mère envoie à la capitaine. » Le capiston me regarde et se fout à rire. Je voyais que cela lui faisait plaisir. « Cavalier, qu’il me dit, il n’y a pas de la « capitaine » au contrôle de l’escadron. Mais cela ne fait rien ; voici cent sous pour votre peine. Portez votre bouquet de ma part au commandant. »

Je me trotte chez le commandant qui se refout à rire, me donne dix francs et m’envoie chez le colon.

Je galope chez le colon qui se tord, me donne un louis et m’envoie chez le général.

Je file comme un zèbre chez le général qui pouffe à péter, me donne cinquante francs et m’envoie chez sa maîtresse.

Je m’esbigne et dare, dare, j’arrive chez la belle. Coup de soleil ! c’était la mienne.

— Tu la connaissais ?

— Pas plus que la femme du pape. Mais j’avais deviné : « Cavalier Poireau, qu’elle me dit, je connais votre histoire, je ne vis, je ne vois que par vous. J’ai rêvé cette nuit que vous sonniez à ma porte, que nous nous aimions. Entrez dans ma chambre sans façon, vous m’enfilerez votre histoire. Quelle histoire ? que je me dis. La mienne est longue depuis ma naissance, elle s’est diablement allongée. Mais, longue ou courte, elle raffolait de ma littérature. Je le vis bien lorsque, se

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