Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
BAAL

Je reculai au mur avec une nausée de terreur.

Qu’y avait-il là, devant moi ? Il était impossible de le préciser. On eût dit un poulpe : une sorte de corps rond et convexe auxquels s’attachaient des tentacules.

Deux yeux roussâtres, aux larges cornées vertes, se voyaient au centre du corps. Les tentacules étaient innombrables. Ils semblaient naître et s’effacer sans répit. Du centre du corps à la périphérie, le degré de réalité tendait vers zéro. Une lueur fusiforme se dégageait le long d’une ligne partageant « la chose », en passant entre les yeux. On eût dit qu’une contraction spasmodique régulière étreignait l’objet, la bête, l’être, le corps — comment nommer cela ? — À intervalles égaux, la lueur s’atténuait puis s’exaltait, passant d’une couleur inconnue, d’un violet dégradé et liquide, à un rouge sourd et effervescent. Sous la forme, le tapis commençait à brûler.

Palmyre dit, la voix molle :

— Sors, Renée. Va vite dans le salon aux poisons — c’était une pièce où tout bonnement on voyait un tableau représentant la Brinvilliers préparant ses philtres de mort — tu prendras le ballon de verre marqué oméga et tu l’apporteras ici…