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BAAL

— Ta réflexion confirme la mienne. L’idée du diable étant absolument pénible, elle prend ici un charme qui, sans cesser d’être esthétique, reste diabolique, c’est-à-dire irritant.

— Mais où est le diable et qu’y a-t-il de diabolique dans cette toile innocente ?

Palmyre rit franchement.

— Le diable n’est pas dans cette toile, Renée, il n’y a là qu’une sorte de figuration, une esquisse, un symbole plastique, mais il est clair.

— Pour moi il est à la fois obscur et ingénu. Ces fleurs sont peintes avec une méconnaissance certaine de la botanique, ce ciel est d’un gris sale, d’un gris à accompagner un enterrement…

— Ah, tu vois bien que tu y viens ! tu restes, malgré toi, sensible à ce tableau. Donc il représente exactement…

— Voyons, allez-vous prétendre que ce fuseau gris-roux, là, en diagonale, suffit pour sataniser un tableau.

— Mais, petite, c’est comme ça que le diable apparaît.

— Non ! dites, ne proférons pas de bêtises, le diable ! quel diable ! et quand le voit-on ?

— Mais enfin, Renée, tu n’ignores pas qu’il