Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
SAMECH

Je me risquai :

— Il me semble que sans tenir compte du bien absolu, vous devez être, comme je vous devine, tentée d’aimer Baal, ou un des Baals qui vous… hantent.

Elle leva un doigt :

— Je suis nantie de pouvoirs rares et étonnants. Ils sont limités, d’ailleurs, et fragmentaires ; de sorte que, dans bien des cas, je puis faire le plus et suis incapable de faire le moins. J’ai, dans certaines voies mystérieuses, une sorte d’autorité ; et je suis peut-être seule sur terre à posséder cela. Je puis beaucoup plus que je ne sais, d’ailleurs. Ma science est un empirisme magique, non pas un édifice rationnel — à supposer, ce qui est probable, qu’il y ait un type de raison pour expliquer l’occultisme dans lequel je vis. — Mais enfin, avec tout cela, et mieux peut-être, car je ne saurais plus dire à une incrédule comme toi ; avec ce que je sais et puis faire, malgré tout, je reste un être à faiblesses, et je ne suis pas meilleure que les autres.

— Que moi ?…

— Je suis à certains égards terrestres plus mauvaise que toi. Songe que les hommes les plus civilisés de notre temps, ne sont pas pour