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SAMECH

pendante au sol, l’autre pliée, le genou haut, elle offrait une extraordinaire silhouette de divinité grecque, peinte au flanc d’un vase. Sous les bras dont les muscles étaient bien détachés, on voyait commencer les dentelés et l’aisselle glabre faisait une double rainure au milieu de laquelle une langue de chair blonde était gonflée. Des hanches au genou, sous la soie molle et noire, on lisait le dessin des fibres musculaires. L’aîne repliait l’étoffe étirée par le genou levé et le ventre convexe bombait, vêtu strictement jusqu’au dessous de la poitrine. Là, des plis transversaux coupaient la draperie qui s’érigeait, faisant une courte vallée entre deux seins gonflés et droits. Le profil de la sorcière, avec son nez presque exactement dans l’axe du front, la sinuosité écarlate de la bouche et la courbe élégante d’un menton maigre et énergique, faisaient songer à mille aspects de masques méditerranéens, aujourd’hui perdus dans le métissage des races, et que l’art de peuples disparus nous a légués en œuvres usées par les siècles, en Crête, à Chypre, à Tyr… Chère Palmyre ! La sorcellerie telle qu’on la lui voyait réaliser, avec ses pouvoirs en quelque façon souverains, cette espèce de despotisme sur les choses, l’ironie insaisissable