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il avait toutes les qualités d’un chef destiné aux catastrophes. César le pressentait et se voyait bientôt seul devant Pompée, toujours omnipotent. La Gaule qu’il avait annexée depuis deux ans, restait encore toute à conquérir comme au premier jour. Certes, il y avait toujours des richesses à prendre et des esclaves à vendre. L’Aquitaine n’avait pas vu jusqu’ici un seul soldat romain. Mais cette toile de Pénélope, sans cesse reprise, lassait le Proconsul.

L’année précédente, il avait, sans se rendre à Rome, dépensé soixante millions de sesterces pour agrandir le Forum. Il songeait maintenant à faire construire un magnifique palais pour les comices par tribus, dans le Champs de Mars. Par ses deux agents secrets, Oppius et Balbus, il avait fait avancer, sur signature, des sommes considérables à près de cent sénateurs. Mais qu’importait tout cela devant les faits brutaux. Pompée s’avérait chaque jour plus nettement maître à Rome. Les deux favoris de César, Mamurra et Labiénus, par leur luxe abusif et leurs constructions de trop splendides palais, avaient irrité l’aristocratie romaine et le peuple en même temps. Mamurra passait en outre pour être le favori, la « femme », de César qui pratiquait l’amour socratique. De plus, les