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LES AMANTES DU DIABLE

Ils étaient tous attentifs et curieux de savoir si ce pauvre bougre reconnaîtrait avoir braconné. Aucune pitié ne les tenait, certes, mais un intérêt en quelque façon sportif.

L’homme poussa soudain un râlement sourd.

La douleur irradiée des parties appuyées sur le couperet devenait effrayante, c’était un ruisseau de feu qui remontait de la zone sexuelle, largement irriguée de sang, et surchargée de filets nerveux. Cela tordait, en son cerveau bondé d’angoisses, des fibres innombrables qu’il croyait sentir souffrir séparément, il percevait aussi le temps tout autrement que ses ennemis, il le séparait en fragments infiniment petits, tous perçus à part et gonflés de désespoir. Cependant, il se taisait toujours.

— Le cochon ! dit un soldat.

Cependant le scribe qui s’ennuyait fit mollement :

— Vous décidez-vous à avouer ?

Il disait cela sans conviction, parce que la chose lui restait fort indifférente.

L’homme frissonna, ouvrit les yeux un instant, mordit ses lèvres et resta muet.

— Il ne dira rien.

— On ne sait jamais, grogna le tourmenteur, il faut le laisser ainsi, le temps de deux miserere.

— Qui les dit ?

Ils se regardèrent tous.

— Il aurait fallu faire venir un diacre.