Page:Duplessy - Trésor littéraire des jeunes personnes.pdf/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MADAME ANCELOT.


Ancelot (Virginie Chardon, dame), née à Dijon d’une famille ancienne et considérée, fut amenée à Paris à l’âge de 12 ans pour y achever son éducation ; elle étudia d’abord la peinture par goût, et y mit tant de persistance, qu’à l’âge de 15 ans elle peignait pendant sept à huit heures par jour, et avec de tels progrès, qu’elle vit bientôt le Salon s’ouvrir à des tableaux dus à son gracieux pinceau ; mais sa véritable vocation la portait vers la littérature, et son mariage avec M. Ancelot, l’auteur distingué auquel la poésie doit Louis IX, et Marie de Brabant, vint servir merveilleusement ce penchant ; la plume de madame Ancelot ne tarda pas à se faire connaître, et le public eut bientôt à apprécier des ouvrages de bon goût, écrits avec esprit, où la finesse des aperçus se marie à la délicatesse des détails, et dont le style élégant et facile est toujours plein de naturel.


LA FEMME À TRENTE ANS.

À trente ans, tout ce que le ciel a donné d’intelligence à une femme est dans la plénitude de sa force et de son étendue ; cet âge est celui de la vigueur morale et physique, c’est le complet développement de toutes les facultés qui ont grandi jusque-là, et c’est aussi l’âge où la beauté doit avoir tout son charme et toute sa puissance. Pourquoi donc voit-on sur le front attristé de tant de femmes de trente ans une empreinte de faiblesse en même temps que de douleur ? pourquoi devine-t-on, sur leurs traits amaigris, sur leur visage déjà flétri, les traces de mille agitations intérieures ? pourquoi leurs frêles personnes semblent-elles renfermer des âmes en peine dans des corps