Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/107

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quelque sorte pour la Nature. Qui peut nous donner la vie et tirer notre ame de ce mortel assoupissement qui enchaîne son activité dans l’ombre du chaos ? Un seul rayon de la lumière peut nous rendre à nous-mêmes et à la Nature entière, qui semble s’être éloignée de nous. Voilà le principe de notre véritable existence, sous lequel notre vie ne serait que le sentiment d’un ennui prolongé. C’est ce besoin de la lumière, c’est son énergie créatrice qui a été sentie par tous les hommes, qui n’ont rien vu de plus affreux que son absence. Voilà leur première Divinité, dont l’éclat brillant, jaillissant du sein du chaos, en fit sortir l’homme et tout l’Univers, suivant les principes de la théologie d’Orphée et de Moïse. Voilà le dieu Bel des Chaldéens, l’Oromaze des Perses, qu’ils invoquent comme source de tout le bien de la Nature, tandis qu’ils placent dans les ténèbres et dans Ahriman, leur chef, l’origine de tous les maux. Aussi ont-ils une grande vénération pour la lumière, et une grande horreur pour les ténèbres. La lumière est la vie de l’Univers, l’amie de l’homme et sa compagne la plus agréable ; avec elle il ne s’aperçoit plus de sa solitude ; il la cherche dès qu’elle lui manque, à moins qu’il ne veuille, pour reposer ses organes fatigués, se dérober au spectacle du Monde et à lui-même.

Mais quel est son ennui lorsque, son réveil précédant le retour du jour, il est forcé d’attendre l’apparition de la lumière ! Quelle est sa joie lorsqu’il entrevoit ses premiers rayons, et que l’Aurore,