Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/130

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sans s’apercevoir du coffre qui s’était uni et incorporé avec le tronc. Isis, instruite par la renommée, et poussée comme par un instinct divin, arrive à Biblos : baignée de larmes, elle va s’asseoir près d’une fontaine, où elle reste dans un état d’accablement, sans parler à personne, jusqu’à ce qu’elle vit arriver les femmes de la reine. Elle les salue honnêtement, et retrousse leur chevelure, de manière à y répandre, ainsi que partout leur corps, l’odeur d’un parfum exquis. La reine ayant appris de ses femmes ce qui venait de se passer, et sentant l’odeur admirable de l’ambroisie, voulut connaître cette étrangère. Elle invite Isis à venir dans son palais, et s’attacher à sa personne ; elle en fait la nourrice de son fils. Isis met le doigt au lieu du bout de sa mamelle, dans la bouche de cet enfant, et brûle pendant la nuit toutes les parties mortelles de son corps ; en même temps elle se métamorphose elle-même en hirondelle, voltige autour de la colonne, et fait retentir l’air de ses cris plaintifs, jusqu’à ce que la reine, qui l’avait observée, voyant brûler son fils, vint à pousser un cri aigu. Ce cri rompit le charme qui devait donner à l’enfant l’immortalité. La déesse alors se fit connaître, et demanda que la colonne précieuse lui fût donnée. Elle en retira facilement le corps de son époux, en dégageant le coffre du bois qui le recouvrait : elle le voila d’un léger tissu qu’elle parfuma d’essences ; elle remit au roi et à la reine cette enveloppe de bois étranger, qui fut déposée à Biblos dans le temple d’Isis. La déesse s’approcha ensuite