Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/143

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donner tout-à-fait : de là ces fêtes de l’espérance, célébrées au solstice d’hiver, lorsque les hommes virent cet astre s’arrêter dans sa marche rétrograde, et rebrousser sa route pour revenir vers eux. Mais si l’on fut si sensible à l’espoir d’un prochain retour, quelle joie ne dut-on pas éprouver lorsque le Soleil, déjà remonté vers le milieu du Ciel, eut chassé devant lui les ténèbres, qui avaient empiété sur le jour et usurpé une partie de son empire ! Alors l’équilibre du jour et de la nuit est rétabli, et avec lui l’ordre de la Nature. Un nouvel ordre de choses aussi beau que le premier recommence, et la Terre, fécondée par la chaleur du Soleil, qui a repris la vigueur de la jeunesse, s’embellit sous les rayons de son époux. Ce n’est plus le dieu du jour que les oiseaux chantent ; c’est celui de l’Amour, dont les feux brûlants s’allument dans les veines de tout ce qui respire l’air, devenu plus pur et plein des principes de vie. Déjà les mères prévoyantes ont choisi l’arbre ou le buisson où elles doivent suspendre le nid qui recevra le fruit de leurs amours, et que va ombrager le feuillage naissant ; car la Nature a repris sa parure, les prairies leur verdure, les forêts leur chevelure nouvelle, et les jardins leurs fleurs. La terre a déjà une face riante, qui lui fait oublier la tristesse et le deuil dont l’hiver l’avait couverte. C’est Vénus qui, retrouvant Adonis, brille de grâces nouvelles et sourit à son amant, vainqueur de l’hiver et des ombres de la nuit, et qui sort enfin du tombeau. Les vents bruyants ont fait place aux Zéphirs, dont la douce haleine respecte le feuil-