Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/239

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gonautes, rendus à une mer libre, se croient pour ainsi dire attachés aux gouffres de l’enfer. C’est alors que Typhis leur adresse un discours, dans lequel il leur fait sentir tout ce qu’ils doivent à la sagesse de leurs manœuvres, ou figurément à la protection de Minerve, et il leur rappelle que c’est cette même déesse qui a pis soin de construire leur vaisseau, qui par cela même est impérissable. Le passage des roches Cyanées était fort redouté des navigateurs : il l’est encore aujourd’hui ; il fallait beaucoup d’art et de prudence pour le franchir. Voilà le fond de ces récits effrayants que tous les poètes ont répétés. Il en était de même du détroit de Sicile. C’est ainsi que la poésie a semé partout le merveilleux, et couvert du voile de l’allégorie les phénomènes de la Nature.

Cependant les Argonautes, ramant sans relâche, avaient déjà dépassé l’embouchure de l’impétueux Rhébas ; celle de Phyllis, où Phryxus avait autrefois immolé son bélier. Ils arrivent, au crépuscule, près d’un île déserte appelée Thynias, où ils débarquent. Là ils eurent une apparition d’Apollon ; ce dieu avait quitté la Lycie, et s’avançait vers le Nord ; ce qui arrive au passage du Soleil à l’équinoxe du printemps, ou lorsque le Soleil va conquérir le fameux Bélier des constellations.

Après avoir sacrifié à Apollon, les Argonautes quittent cette île et passent à la vue de l’embouchure du fleuve Sagaris, du Lycus et du lac Anthemoïs. Ils arrivent à la presqu’île Achérusie, qui se prolonge dans la mer de Bithynie. Là est une vallée où l’on