Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/254

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ajoute Médée, que vous réussirez à enlever la riche toison, et que vous la porterez en Grèce, s’il est enfin vrai que votre intention soit de courir encore les dangers de la mer. En achevant ces mots, la princesse arrose ses joues de larmes que lui arrache l’idée que ce héros va se séparer d’elle, et regagner les régions lointaines. Elle baisse les yeux, et garde quelque temps le silence, qu’elle rompt bientôt ; elle lui presse la main en lui disant : Au moins, lorsque vous serez retourné dans votre patrie, souvenez-vous de Médée, comme elle se souviendra de Jason, et dites-moi, avant de partir, où vous comptez aller. Jason, touché de ses larmes, et déjà percé des traits de l’Amour, lui jure de ne l’oublier jamais s’il est assez heureux pour arriver en Grèce, et si Aëtès ne lui suscite pas de nouveaux obstacles. Il finit par lui donner quelques détails sur la Thessalie, et lui parle d’Ariadne, sur laquelle Médée lui avait fait des questions ; il manifeste le désir d’être aussi heureux que Thésée. Il l’invite à l’accompagner en Grèce, où elle jouira de toute la considération qu’elle mérite ; il lui offre sa main, et lui jure une foi éternelle.

Le discours de Jason flatte le cœur de Médée, lors même qu’elle ne peut se dissimuler les malheurs qui la menacent si elle prend le parti de le suivre.

Cependant ses femmes l’attendaient avec impatience, et l’heure était arrivée où la princesse devait se rendre au palais de sa mère : elle ne s’aperçoit pas des instants qui s’écoulent trop rapidement pour son désir, si Jason ne l’eût prudemment avertie de se re-