Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/256

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Cependant l’Aurore montrait les sommets du Caucase, blanchis d’une glace éternelle. Le roi Aëtès, revêtu de la redoutable armure que lui avait donnée le dieu des combats, se préparait à partir pour se rendre au champ de Mars. Sa tête était couverte d’un casque, dont l’éclat éblouissant offrait l’image du disque du Soleil au moment où il sort du sein de Thétis. Il présentait en avant un énorme bouclier formé de plusieurs cuirs, et balançait une pique redoutable, à laquelle aucun des Argonautes n’aurait pu résister si ce n’est Hercule ; mais ce héros les avait déjà abandonnés. Près de lui était Phaéton son fils ; il tenait les coursiers qui étaient attelés au char sur lequel son père allait monter. Déjà il en a pris les rênes, et il s’avance à travers la ville, suivi d’un peuple nombreux.

Jason, de son côté, docile aux conseils de Médée, frotte ses armes avec la drogue que Médée lui a donnée, et qui doit en fortifier la trempe. Il en frotte aussi son corps, qui acquiert une nouvelle vigueur et une force à laquelle rien ne peut résister. Il agite avec fierté ses armes, et déploie ses bras nerveux. Il s’avance vers le champ de Mars, où déjà s’était rendu Aëtès avec ses Colchidiens. Jason s’élance le premier de son vaisseau, tout équipé, tout armé, et se présente au combat : on l’eût pris pour le dieu Mars lui-même. Il promène ses regards assurés sur le champ qu’il doit labourer ; il voit le joug d’airain auquel il doit attacher les redoutables taureaux, et le dur soc avec lequel il va sillonner ce champ. Il ap-