Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

miracles de saint Roch et d’Esculape par les ex-voto déposés dans leurs temples. La raison humaine a des bornes très-étroites. La crédulité est un abîme sans fond, qui dévore tout ce qu’on veut y jeter, et qui ne repousse rien. Je ne croirai donc pas à la certitude de la science augurale, parce qu’on me dit qu’Accius Navius, pour prouver l’infaillibilité de cette science, invita Tarquin à imaginer quelque chose qu’il dût faire, et que celui-ci ayant pensé qu’il couperait un caillou avec un rasoir, l’augure exécuta la chose sur-le-champ. Une statue élevée dans la place publique perpétua le souvenir de ce prodige, et attesta à tous les Romains que l’art des augures était infaillible. Les langes de Christ et le bois de sa croix ne prouvent pas plus son existence que l’empreinte du pied d’Hercule ne constate l’existence de ce héros, et que les colonnes élevées dans la plaine de Saint-Denis ne me convaincront que saint Denis ait passé dans ces lieux en y portant sa tête. Je verrai dans saint Denis ou dans Dionysios l’ancien Bacchus grec et l’Osiris égyptien, dont la tête voyageait tous les ans des rives du Nil jusqu’à Biblos, comme celle d’Orphée sur les eaux de l’Hèbre : et c’est ici l’occasion de voir jusqu’à quel point l’imposture et l’ignorance conduisent le peuple quand le prêtre s’est rendu maître de son esprit.

Les Grecs honoraient Bacchus sous le nom de Dionysios ou de Denis : il était regardé comme le chef et le premier auteur de leurs mystères, ainsi qu’Éleuthère. Ce dernier nom était aussi une épi-