Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/377

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Je ne pousserai pas plus loin le détail des assassinats religieux commis chez les différents peuples, sous le prétexte de rendre hommage à la Divinité et de l’honorer par un culte. Il suffit que ces horreurs aient été commises une seule fois, et qu’elles puissent encore se reproduire dans la suite des siècles, pour sentir toutes les affreuses conséquences qu’il y a d’établir un culte quand on n’est pas maître d’en arrêter les abus ; car l’homme se croit tout permis quand il s’agit de l’honneur de Dieu.

Je sais bien que nos religions modernes ne sont pas aussi atroces dans leurs sacrifices ; mais que m’importe à moi, que ce soit sur l’autel des Druides ou dans les champs de la Vendée, qu’on égorge les hommes en honneur de la Divinité et par esprit de religion ? qu’on les brûle dans la statue de Moloch ou dans les bûchers de l’Inquisition ? Le crime est toujours le même, et les religions qui nous conduisent là n’en sont pas moins des institutions funestes aux sociétés : ce serait outrager Dieu que de le supposer jaloux de tels hommages. Mais s’il repousse le culte qui coûte autant de sang à l’humanité, peut-on croire qu’il aime celui qui dégrade notre raison, et qui le fait descendre lui-même par enchantement dans un morceau de pâte au gré de l’imposteur qui l’invoque ? Celui qui a donné à l’homme la raison, comme le plus beau don qu’il pût lui faire, exige-t-il de lui qu’il l’avilisse par la plus stupide crédulité et par une aveugle confiance aux fables absurdes qu’on lui débite au nom de la Divinité ? Si Dieu eût voulu