Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ples ; et je demande quel besoin peuvent avoir les sociétés d’accréditer de semblables erreurs et de protéger l’imposture ; ce que les particuliers y ont gagné ; ce que les États y gagnent.

Examinons sur quelles bases on a cherché à établir un préjugé aussi universellement répandu que celui qui suppose entre le Ciel et la Terre d’autre correspondance que celle de l’action des causes physiques indépendantes de l’homme, et qui met les dieux aux ordres des prêtres et de ceux qui prient. Tout le système du culte est fondé sur l’opinion d’une Providence qui se mêle, soit par elle-même, soit par des génies et des agents secondaires, de tous les détails de l’administration du Monde et des choses humaines, et à laquelle nous pouvons donner la direction que nous croyons la plus utile pour nous, en l’avertissant de nos besoins, en l’invoquant dans nos dangers, et en lui faisant connaître nos désirs. L’homme s’est regardé comme le point central auquel aboutissaient toutes les vues de la Nature, par une erreur assez semblable à celle qui lui faisait croire que la Terre était le centre de l’Univers. Le système de Copernic a détruit ce dernier préjugé ; mais le premier reste encore et sert de base au culte religieux. L’homme a cru et croit encore que tout est fait pour lui, que tout ce qui ne contribue pas à son bonheur ou s’y oppose, est un écart de la Nature et un sommeil de la providence, que l’on peut éveiller par des chants et des prières, et intéresser par des dons et des offrandes. Si l’homme se fût mis