Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autres lieux, se sont chargés des mêmes fonctions, et ont créé des formules de prières et d’invocation, des processions et des cérémonies, qui tendent au même but, et qui opèrent, si on les croit, les mêmes merveilles ; car nos prêtres, qui par rivalité de métier excommunient les magiciens, font au nom de leur dieu les mêmes promesses, et ont des formules de prières contre la grêle, contre la sécheresse, contre les pluies, contre les épidémies, et disent des messes pour faire retrouver ce que l’on a perdu. La crédulité du peuple est une mine riche que chacun se dispute. Cette erreur fut d’autant plus facile à établir, que dès lors qu’on eut attribué la vie et l’intelligence à toutes les parties actives de la Nature, qu’on les eut peuplées de génies chargés des détails de l’administration du Monde, il fut aisé de persuader aux hommes que ces génies étaient susceptibles d’amour et de haine, et animés de toutes les passions que l’on peut mouvoir et calmer suivant le besoin, et qu’enfin on pouvait traiter avec eux, comme on traite avec les hommes en place et avec les ministres et les dépositaires d’une grande puissance. Telle fut l’origine du culte et des cérémonies qui avaient pour but de faire venir les dieux au secours des hommes, de les apaiser et de se les rendre favorables. « Après que l’agriculteur, dit Plutarque, a employé tous les moyens qui sont en lui pour remédier aux inconvénients de la sécheresse, du froid et de la chaleur, alors il s’adresse aux dieux pour obtenir les secours qui ne sont pas au pouvoir de l’homme,