Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/384

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ces charlatans environnent tous ceux qui prêtent l’oreille à leurs promesses mensongères. Je confondrai souvent les prêtres avec les augures, avec les oracles et les magiciens, puisque tous exercent leur empire au nom des dieux et des puissances invisibles. Les habitants de l’île de Saint-Domingue avaient leurs Butios, qui se disaient les confidents des dieux, les dépositaires de leurs secrets et les scrutateurs de l’avenir. Ils consultaient en public les Zemès ou idoles des Divinités subalternes, chargées de donner la pluie et de verser sur les hommes les biens qu’on leur demandait. Un long tuyau dont une extrémité était dans la statue, et l’autre cachée dans un feuillage épais, servait de conduit aux réponses que les Caciques faisaient faire au Zemès pour se faire payer un tribut et contenir leurs sujets. Le Butios recevait les offrandes que l’on présentait au Zemès et les gardait pour lui, et ne garantissait pas pour cela les promesses qu’il faisait par l’organe du Zemès. Je demande si c’est de cette religion-là qu’on entend parler, quand on dit qu’il faut une religion au peuple ? Ma question est d’autant plus fondée, que presque toutes les religions se ressemblent sous ce rapport, à quelques formes près : tous les peuples ont leurs Butios sous d’autres noms.

Les Caraïbes ont leurs Boyès, qui font parler leurs idoles conformément à leurs désirs, et ils invoquent ces idoles pour obtenir la guérison de leurs maladies, pour qu’elles s’intéressent à la réussite de leurs projets et au soin de leur vengeance ; car partout on a