Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/395

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dieu bon ; parce qu’ils supposent que sa nature le porte à faire tout le bien qu’il peut sans qu’on ait besoin de le prier ! Quelle contradiction que d’admettre un dieu qui voit et connaît tout, et qui cependant veut que l’homme l’avertisse et l’éclaire sur ses besoins ; un dieu dont les décrets sont dirigés par une sagesse éternelle, et qui cependant les modifie et les change à chaque instant, suivant l’intérêt de celui qui le prie ! Toutes ces suppositions entrent nécessairement dans tout système de culte, qui a pour objet d’amener la Divinité à faire ce que désire un mortel, et de l’intéresser à son sort autrement que par l’administration universelle du Monde, sur laquelle Dieu ne prend certainement pas conseil de l’homme. Dieu ou la Nature pourvoit à la subsistance de tous les animaux par une administration générale : il y aurait de la folie à espérer qu’il la changeât en notre faveur. La machine marche suivant des lois constantes et éternelles, et l’homme, soit qu’il le veuille, soit qu’il ne le veuille pas, est entraîné par son mouvement. Quiconque lui tient un autre langage est un imposteur qui le trompe. C’est à l’homme, qui ne fait que passer sur la Terre, à subir, comme les autres animaux, les lois impérieuses du grand Être, de l’Être éternel et immuable qu’on appelle Dieu. Voilà le secret qu’il ne faut pas craindre de lui révéler.

Outre que cette opinion est la seule vraie, elle a encore l’avantage de mieux s’accorder avec la majesté divine, et de mettre Dieu et l’homme chacun à sa