Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/398

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à l’art de la médecine à nous les procurer. Si les médecins sont impuissants, les prêtres le seront encore plus. La confiance que l’on a aux secours qu’offre la religion dans les prières et les offrandes, outre qu’elle dégrade notre raison, a encore cet inconvénient, qu’elle nous rend moins actifs dans les recherches des remèdes que peut procurer l’art, qu’elle nous jette dans une sécurité funeste, et que l’espoir dans les secours qu’envoie le Ciel nous prive souvent de ceux que nous présente la Terre.

Tel matelot a péri dans les flots, qui eût échappé au naufrage s’il eût manœuvré au lieu de prier, et s’il eût cherché à se sauver par son adresse et son travail, au lieu de s’abandonner à la grâce de Dieu et d’invoquer la Vierge ou saint Nicolas. Que d’ ex-voto suspendus dans les temples, qui furent plutôt dus à la fortune et à un hasard heureux, qu’au Saint auquel on les a offerts, et qui prouvent moins sa puissance, que la stupide crédulité de ceux qui l’ont invoqué ! La Nature a placé dans la force de l’homme, dans sa prudence et dans l’usage de toutes ses facultés, les moyens de conservation et de bonheur qui lui sont accordés. Hors cette sphère, tout est illusion : donc le culte qui a essentiellement pour objet de nous faire descendre des secours d’en haut, de rendre le ciel docile à nos désirs, et de lier le sort de l’homme à l’action de génies invisibles qu’on peut gagner par des prières et des dons, est une monstruosité, une chimère qu’il faut détruire par tous les moyens que fournit la saine raison, pour