Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/407

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les trompe on doit craindre d’irriter celui au nom duquel on les trompe. Dire qu’on peut gouverner les sociétés sans prêtres et sans religion paraîtra sans doute un paradoxe, comme c’en eût été un autrefois de prétendre gagner des batailles sans le secours de l’oriflamme de saint Denis et de la chape de saint Martin. Mais quand même on accorderait aux chefs des sociétés le privilège affreux d’empoisonner la raison de tant de millions d’hommes par les erreurs religieuses, il serait encore faux de dire que ce moyen ait contribué au bonheur des sociétés, bien loin qu’il en soit un lien nécessaire. Il suffirait de dérouler ici le tableau des crimes commis dans tous les siècles et chez tous les peuples au nom de la religion, pour convaincre les plus zélés partisans de cette invention politique, que la somme des maux qu’elle a enfantés surpasse de beaucoup le peu de bien qu’elle a pu faire, si elle en a fait ; car tel est le sort, telle est la nature du bien, de ne pouvoir naître que des sources pures de la vérité et de la philosophie. Sans parler ici des barbares sacrifices que commandait la religion des Druides, celle des Carthaginois et des adorateurs de Moloch, ni des guerres religieuses des anciens Égyptiens pour un ibis, pour un chat ou un chien ; des Siamois pour l’éléphant blanc ; sans retracer ici tous les forfaits des cours soi-disant chrétiennes des successeurs de Constantin, sans remuer les cendres des bûchers de l’Inquisition, sans nous entourer des ombres plaintives de tant de milliers de français égorgés à la Saint-Barthélemy et du temps des dragonnades royales, que