Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/412

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d’un flambeau que les prêtres et les despotes s’étaient efforcés d’éteindre ; car si la raison et la philosophie eussent d’abord été le fondement de ses vertus, plus sa raison se serait éclairée, plus ses vertus se seraient fortifiées, parce qu’il aurait trouvé en lui-même le principe et la règle de ses devoirs. La vérité des principes est éternelle et indestructible ; l’illusion de l’imposture n’est jamais bien solide ni durable. Je sais que l’on dit communément que tous les hommes ne sont pas également faits pour être éclairés ; qu’une nation de philosophes est une chimère ; sans doute, quand on entend par être éclairé, approfondir les principes des sciences, posséder les diverses branches des connaissances humaines, ou raisonner comme Cicéron sur la nature des devoirs. Mais ici, être éclairé signifie n’être pas trompé ni bercé d’idées fausses au nom de la religion, et trouver dans les idées simples du bon sens et dans le sentiment d’un cœur droit, tel que la Nature l’a donné au grand nombre des hommes, et plus souvent à l’habitant des champs et des chaumières, qu’à celui qui habite les villes et les palais, les raisons du bien que l’on doit faire, les notions du juste et de l’injuste, qui existent indépendamment des religions et avant elles, et qui restent encore à celui qui n’en a plus.

Ce sont ces idées de morale que l’on retrouve dans un grand nombre de religions, parce qu’elles n’appartiennent en propre à aucune, et que ces religions ne sont jugées bonnes qu’autant qu’elles les renferment dans leur pureté primitive : elles appartenaient