Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/449

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plaintifs se mêlent au bruit des chaînes qu’ils traînent. On y voit une hydre effrayante par ses cent têtes, qui est toujours prête à dévorer de nouvelles victimes. Là un cruel vautour se repaît des entrailles toujours renaissantes d’un fameux coupable ; d’autres poussent avec effort un énorme rocher qu’ils sont chargés de fixer sur le sommet d’une haute montagne : à peine approche-t-il du but, qu’aussitôt il roule avec fracas au fond du vallon, et il oblige ces malheureux à recommencer un travail toujours inutile. Là, un autre coupable est attaché sur une roue qui tourne sans cesse, sans qu’il puisse espérer de repos dans sa douleur. Plus loin est un malheureux condamné à une faim et à une soif qui éternellement le dévorent, quoique placé au milieu des eaux et sous des arbres chargés de fruits. Au moment où il se baisse pour boire, l’onde fugitive s’échappe de sa bouche, et il ne trouve entre ses lèvres qu’une terre aride ou un limon fangeux. Étend-il la main pour saisir un fruit, la branche perfide se relève, et s’abaisse dès qu’il la retire, afin d’irriter sa faim. Plus loin, cinquante filles coupables sont condamnées à remplir un tonneau percé de mille trous, et dont l’eau s’échappe de toutes parts. Il n’est pas de genre de supplices que le génie fécond des mystagogues n’ait imaginé pour intimider les hommes sous prétexte de les contenir, ou plutôt pour se les assujettir et les livrer au despotisme des gouvernements ; car ces fictions ne sont pas restées dans la classe des romans ordinaires : malheureusement on les a liées à