Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

texte d’une plus grande perfection, se sont isolés de la société, et ont cru, par une contemplation oisive, mériter l’Élysée, qui jusque-là n’avait été promis qu’aux talents utiles et à l’exercice des vertus sociales. Telle a été la source de l’erreur qui a substitué des ridicules à des vertus, et l’égoïsme du solitaire au patriotisme du citoyen. L’initiation n’allait pas originairement jusque-là : ce fut l’ouvrage d’une philosophie raffinée.

Cette étude perpétuelle que mettait le philosophe à séparer son âme de la contagion de son corps, et à s’affranchir des passions afin d’être plus libre et plus léger au moment de partir pour l’autre vie, a dégénéré en abstractions de la vie contemplative, et a engendré toutes les vertus chimériques, connues sous les noms de célibat, d’abstinences, de jeûnes, dont le but était d’affaiblir le corps pour lui donner moins d’action sur l’âme.

Ce fut cette perfection prétendue qui, prise faussement pour de la vertu, fit évanouir celle-ci, et mit à sa place des pratiques ridicules, auxquelles furent accordées les plus brillantes faveurs de l’Élysée. La religion chrétienne est une des preuves les plus complètes de cet abus, ainsi que toutes celles de l’Inde.

Le jugement une fois rendu d’après la comparaison faite de la conduite de chacun des morts avec le code sacré de Minos, les âmes vertueuses passaient à droite, sous la conduite de leur bon ange ou du génie familier ; elles tenaient la route qui conduisait à l’Élysée et aux îles fortunées ; les âmes coupables