Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui était toute peuplée de moines et de vierges. Je sais que le bon Rollin, dans son Histoire anti-philosophique, appelle la population de cette ville un des miracles de la grâce et l’honneur du christianisme. Cela peut être ; mais le christianisme alors est la honte de l’humanité. Ce n’est point là perfectionner les sociétés, mais les détruire, que d’y introduire les deux plus grands fléaux qu’elles aient à redouter, le célibat et l’oisiveté. Le paradis des Chrétiens ressemble fort à la ville d’Oxyrinque.

Au lieu des grands hommes qui bâtirent des villes, qui fondèrent des empires, ou qui les défendirent au prix de leur sang ; au lieu des hommes de génie, qui se sont élevés au dessus de leur siècle par leurs connaissances sublimes, par l’invention des arts et par des découvertes utiles ; au lieu des chefs de nombreuses peuplades civilisées par les mœurs et les lois ; au lieu des Orphées, des Linus, que Virgile a placés dans son Élysée, je vois arriver dans l’Élysée des Chrétiens, de gros moines sous toutes sortes de frocs ; des fondateurs ou chefs d’ordres monastiques, dont l’orgueilleuse humilité prétend aux premières places du paradis. Je vois paraître à leur suite des capucins à longue barbe, aux pieds boueux, portant un manteau sale et rembruni, et surtout la lourde besace des Métagyrtes, garnie des aumônes du pauvre ; des pieux escrocs sous l’habit de l’indigence, qui ont promis le paradis pour quelques oignons, et qui viennent y prendre place pour récompense de leur avilissement, qu’ils appellent humilité chrétienne.