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IX

LE CHANT DE LACHÉSIS


Hommes, n’enviez pas notre savoir divin.
De tous nos attributs orgueilleux le plus vain,
C’est le fastidieux pouvoir de tout connaître.
L’océan de clarté qui consume les cieux
Fatalement afflue au miroir de nos yeux,
Heurte notre pensée inerte et la pénètre.
Mais ce rêve est sans joie autant que sans terreur ;
C’est le dégoût qui sort de cette insouciance.
Nous n’avons pas le point de départ de l’erreur,
Les leviers de l’effort et de la patience,
Et lorsque le progrès sans fin s’offre à vos sens,
Nous restons opprimés, Tantales impuissants,
Sous la vague torpeur de notre omniscience.