Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/260

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pour lui par les trente pièces d’argent. Si nous admettons que les pièces d’argent étaient des deniers ordinaires, nous dirons que Judas vendit le Christ comme un vil esclave, pour trente deniers, qui sont la dixième partie des trente deniers que valait le parfum, trente deniers dont le Seigneur parle avec dégoût par le Prophète : « Ils ont pesé trente pièces d’argent pour ma récompense ; j’ai été évalué par eux à ce prix. »

III. Or, pour désigner la quantité du prix que le Christ a été vendu, le prêtre, en cet endroit, fait ordinairement trois croix sur l’hostie et le calice, lorsqu’il dit : benedictam, adscriptam et ratam ; car trois cent trente, par la multiplication, viennent du nombre trois. Puis ensuite, pour désigner la vente et l’achat, il fait deux croix, figurant en quelque sorte le sceau, sur l’hostie, l’autre sur le calice, lorsqu’il dit : ut nobis corpus et sanguis corpus fiat ; comme s’il disait : Cette vente avait été maudite, prédite, inutile, inique et abominable ; mais toi, ô mon Dieu ! cette offrande, daigne la bénir, l’adopter, l’approuver, la tenir pour raisonnable et l’avoir pour agréable. Car Judas aima la malédiction et l’obtint ; il rejeta la bénédiction, et elle s’éloigna de lui ; mais toi, mon Dieu, daigne bénir cette offrande, par laquelle tu nous béniras dans les cieux. Judas a été rayé du livre des vivants, et il ne sera pas inscrit avec les justes ; mais toi,’mon Dieu, daigne inscrire cette offrande, par laquelle tu nous inscriras au nombre des élus. Judas se pendit, et un autre reçut sa charge (episcopatum) ; mais toi, ô mon Dieu ! daigne ratifier cette offrande par laquelle la promesse de notre salut sera ratifiée, ou bien ratifie-la, eu égard à la confirmation dans tous les biens, de peur que nous ne présentions notre offrande comme Caïn, qui ne s’offrit pas en sacrifice à Dieu, mais au diable. Ensuite Judas sortit condamné, et sa prière ne fut efficace que pour le péché ; mais toi, mon Dieu, daigne rendre cette offrande raisonnable, c’est-à-dire pleine de raison, afin que par elle la soumission de notre servitude devienne déraisonnable aux yeux du monde. Judas, encore,